Jeunesse, au rendez-vous de l’espoir!

Jeunesse, les jours passent, les années aussi, au printemps 2017, alors que le constat de ta précarité et de ta condition de vie de plus en plus vulnérable hystérise le cirque médiatique et politique, c’est à la porte d’Abaka que nos regards se croisent, venu de la rue et de nulle part, fatiguée et submergée, tu me dis ton refus catégorique de céder à la peur et à l’incertitude

Malgré ton air essoufflé et indigné, tu n’as pas hésité à m’annoncer avec sourire ton rendez-vous avec l’espoir, toi qui n’as jamais capitulé face aux soubresauts et aux caprices de l’univers. Ce rendez-vous de l’espoir rempli l’espace de nos échanges, les mots se succèdent, les gestes se multiplient et les larmes arrosent nos pupilles. Jeunesse, tu étais mal, défigurée mais souriante. J’ai eu un haut-le-cœur, tu as été sacrifiée sur l’autel du capitalisme sauvage, de l’affairisme à outrance, de la compétition, de la séduction et de la loi du plus fort !

Perçue comme dangereuse parce que différente, mal connue, présentant des codes et des rites éloignés du monde adulte, Jeunesse, tu te sens parfois démunie, marginalisée, isolée, et écartée de tout échange susceptible d’effacer la violence. Ces adultes qui eux-mêmes ont connu la jeunesse, préfèrent te voir uniquement comme un être « dérangeant » plutôt que de tenter de te connaître et comprendre la raison de ton mal-être.

Que propose notre système à tes 18 ans ? L’autonomie, mais sans t’en donner les moyens adéquats ni t’offrir un accompagnement nécessaire pour sa mise en œuvre. Ensuite, beaucoup s’étonneront que tu bascules dans la violence, sans s’étonner pour autant de la violence de la société à ton égard. La violence, ici, c’est la dureté de ta situation, c’est la précarité dans laquelle tu te trouves souvent sans évoquer la contradiction du système dans lequel tu es prise. 

Jeunesse, je crois pour ma part, que tu restes une merveille. Que dire de ton énergie débordante, tes énormes potentialités et ta grande capacité à redessiner ton avenir si on t’en donne les moyens. Cette certitude, je l’ai intégrée au plus profond de mon cœur, une photo magnifique que j’ai de toi en dépit de différents préjugés que nos sociétés contemporaines qui, pour t’avoir vue l’espace d’un matin, te décrivent au fil des journées comme si tu étais une catégorie à part !

Jeunesse, toutes ces tensions et contradictions sociétales qui affectent ton parcours, je les vis aussi dans mon quotidien de travailleur social. Comme le dit J. MAZZOCCHETTI, je me retrouve souvent dans une position de celui qui cherche à comprendre, sans disposer des moyens suffisants pour t’apporter des réponses globales et durables à ta situation. Si l’idée de travailler sur ta demande est très chère pour moi chez Abaka, c’est parce que je crois qu’elle t’ouvre un lieu où tu peux déposer librement des mots, ceux encore enfouis en toi. Ce lieu peut aussi te permettre de placer les jalons pour bâtir ton chemin. Mais, tout n’est pas gagné ! Si quelques démarches peuvent aller trop vite, il manque souvent des supports pour les relier vers un aboutissement harmonieux. Un véritable téléphone sans fil…

« Jeunesse, rien ne t’arrête si ce n’est tes pensées, rien ne te limite si ce n’est ta peur, rien ne te contrôle si ce n’est tes croyances et donc, tu es actrice de ta vie et qu’importe ta prison, tu en as les clefs. »