ABAKA propose depuis maintenant deux ans les treks « Respire » à des jeunes connus du service. Ces treks pédagogiques apaisants sont le fruit d’une envie d’innover dans les pratiques de l’équipe au niveau pédagogique en offrant aux jeunes un temps pour « respirer » en dehors de leur quotidien. Au travers de ce périple de 7 jours à pied dans l’Ardenne belge, l’idée est de leur suggérer que marcher avec un objectif peut les rendre acteur de leur vie, de leurs projets et de leurs rêves. Tout en leur donnant le goût de l’effort et le plaisir du dépassement de soi.

Explorer autrement que par l’errancE
Pour ce camp, nous avons décidé de réitérer l’expérience de l’année précédente mais en proposant un “trek” un peu plus long cette fois. Ainsi, ce projet a permis aux 5 jeunes que nous avons accompagnés d’emprunter le sentier GR16 durant toute une semaine le long de la Semois, de Bouillon à Chassepierre, dans le beau paysage des Ardennes belges. Bien sûr, cet itinéraire fut rythmé d’étapes de repos et de ravitaillement, notamment dans des aires de camping où nous avons pu déposer nos sacs et monter nos tentes, mais aussi d’activités diverses jusqu’à notre destination surprise : le célèbre Festival International des Arts de la rue de Chassepierre.
L’errance peut prendre des formes multiples et variées : concrètes ou symboliques, administratives ou sociales, physiques ou psychiques. Nous faisons néanmoins l’hypothèse qu’elle répond à un besoin universel et profondément humain d’exploration, d’expérimentation, de découvertes et de rencontres. Toutefois, cette mise en mouvement hasardeuse, lorsqu’elle ne répond pas à un objectif réfléchi et défini mais, au contraire, se répète indéfiniment et se fait le plus souvent dans la solitude, est rarement une stratégie efficiente.
L’enjeu éducatif d’un tel projet est précisément d’inviter les jeunes à explorer de nouvelles stratégies face à des défis collectifs et à expérimenter “le goût de l’effort et le plaisir du dépassement de soi”. Une nouvelle fois, ce challenge a été relevé par notre groupe de marcheurs- explorateurs !
Le défi ne fut toutefois pas gagné d’avance. Le trajet jusqu’à notre camping de départ, effectué en train et en bus depuis Bruxelles, comportant quelques kilomètres à pied, laissa déjà entrevoir chez certains toute l’ambition de la semaine à venir.



L'itinéraire
Les sacs à dos remplis à ras bord sur les épaules, l’appétit grandissant, les pauses pour souffler et s’assurer de la bonne direction, la fraîcheur humide annonçant l’aurore, la pluie rendant les berges de la Semois glissantes à notre arrivée à Bouillon, ajoutés à la fatigue croissante, ont fait prendre conscience aux jeunes dès notre premier jour de l’épreuve qui s’annonçait. Et déjà, certaines plaintes et craintes se sont fait entendre après ce premier chapitre de l’aventure.
plus qu’une itinérance
Et des plaintes on en a entendues toute la semaine ! « Je suis au bout de ma vie ! » ; « J’en peux plus ! » ; « Il reste combien de km ? » ; « Quand est-ce qu’on s’arrête pour manger ? » ; « C’est trop lourd ! » ; « J’ai mal ! » . Pour d’autres, plus à l’aise physiquement, la difficulté se situait davantage au niveau de la cohésion de groupe et des efforts de tolérance nécessaires au regard des différences de chacun.
Pour tous les jeunes de ce groupe mixte aux profils variés, l’expérience fut l’occasion d’être poussé dans ses retranchements, de toucher ses limites, et finalement puiser dans ses ressources et se découvrir le pouvoir de s’accrocher jusqu’au bout.
Durant cette semaine, nous avons pu constater l’évolution de chacun d’entre eux dans leur façon de cheminer, au sens propre comme au figuré, le long des sentiers. Tout au long du voyage l’implication des jeunes s’est intensifiée, laissant place à une grande fierté face à l’effort fourni. Le dépassement dont ils ont fait preuve impose ce type de projet comme un outil à part entière et nous donne envie de renouveler l’expérience.
L’épreuve de la marche collective a amené les jeunes à des processus en résonance avec leur parcours de vie. La force de supporter leurs charges, la nécessité d’anticipation et d’organisation, l’usage d’une carte faisant référence, le choix puis la vérification de l’itinéraire, le renouvellement des efforts pas après pas, le soutien du groupe, la fierté du chemin parcouru. Autant de succès dont les jeunes ont pu faire l’expérience et qu’ils pourront potentiellement transposer dans les défis et les situations de leur vie quotidienne.
Mais aussi pour nos explorateurs, de nombreuses rencontres et plaisirs ludiques à partager dans les divers campings très conviviaux où nous nous sommes installés une nuit ou deux.
La Semois et ses rives parfois très accueillantes nous ont également offert des baignades rafraîchissantes, des parties de frisbee, une partie de loup garou mémorable autour d’un feu de bois non moins mémorable, des cueillettes de mûres, des tentatives de pêche, mais point de poissons. De plus, en milieu de semaine nous avons pu profiter d’un site d’accrobranche dans lequel chacun s’est bien dépensé, sans blessures mais pas sans cris ! L’ultime occasion pour nos marcheurs amateurs d’appliquer la notion de dépassement de soi dans les airs.
Enfin, notre périple nous emmena à Chassepierre et nous pûmes assister à une journée entière et exceptionnelle au Festival International des Arts de rue. Une magnifique manière de clôturer notre aventure dans la joie et la bonne humeur avec des acrobaties, du théâtre, de la magie, de la poésie, de la musique et bien plus encore !